Les abstractions coréennes
Le voyage me manque. Pour cette sensation de flottement et d’incertitude .
J’aime la perte de repères. Je deviens plus attentive et je vois différemment.
Je dessine et je peins autrement. Je réalise plus facilement des peintures abstraites à l’issue de voyage.
Pourquoi l’abstraction?
Si je reprends la définition philosophique du mot abstraction on peut lire ceci :
« Étymologie : du latin abstractus, lui-même dérivé du verbe abstraho tirer, séparer, détacher.
L’abstraction est l’opération de l’esprit consistant à isoler un élément d’un objet ou ensemble d’objets pour le considérer à part. »
(WIKI)
J’aime mieux cette définition simple que des ribambelles de définitions de l’abstraction dans le monde artistique.
L’abstraction en peinture se réfère souvent à une peinture non représentative et non figurative. Pour commencer, nous pouvons citer Kandinsky, Kupka, Mondrian, Malevitch.
Définir l’abstraction en peinture est pourtant une tâche quasi surhumaine. J’ai essayé de résumer quelques approches dans un précédent article du blog. Mais, les querelles sur la ‘bonne définition » restent ouvertes.
L’art abstrait, le parcours du siècle – FIXEUR
Revenons à la notion philosophique qui part de facto de la capacité de notre cerveau à conceptualiser. Notre esprit peut abstraire par la simplification, par la classification et par l’isolation.
Comment cela fonctionne pour moi?
L’abstraction se produit, lorsque je me détache de la représentation précise, mais aussi d’une intention planifiée dans une réalisation.
C’est le moment où je lâche sous gouvernance de mes émotions, de ma fatigue et de mes divagations analogiques. Paradoxalement, c’est aussi la peinture la plus intime et personnelle. Je ne montre pas souvent pour toutes ces raisons mes peintures abstraites.
Les sujets qui me préoccupent s’y reflètent souvent de façon brutale. En réalité, ils « s’auto-isolent ». La notion d’isolation’, de ‘séparation’ n’est pas toujours l’intentionnelle. Mais, elle peut être obsessionnelle.
Je perçois certains risques dans la pratique de la peinture abstraite.
Je pense encore que peindre et dessiner est aussi un métier d’expérience et surtout de pratique fréquente.
C’est le moment où surgissent les gestes ancrés et les automatismes. Si nous manquons de pratique, la maladresse revient au galop. Il ne faut pas confondre la simplification avec l’imposture et l’incompétence.
Abstraire signifie aussi généraliser et classifier.
Le risque est de produire les images stéréotypées, des clichées, des représentations répétitives. Cela donne des dessins de motifs pour les coussins et les papiers peints. Rien de négatif, j’en fais pour me défouler. Mais cela relève pour moi plus que de l’art thérapie. Ou d’une activité de détente comme des puzzles.
Quant à la simplification, c’est le saint Graal, surtout pour moi qui adore la redite.
Pousser à l’extrême la simplification conduit à l’impasse du carré noir ou du carré blanc comme un ultime tableau possible de la conceptualisation. Ce n’est pas mon dada.
La véritable simplification, lorsque tout est dit avec un minimum de moyens, c’est le sommet. Un exploit très difficile.
En voyage, je m’exprime de manière abstraite avec beaucoup de facilité.
Sans doute, le manque de repères m’y conduit tout naturellement.
Je ne vois pas l’intérêt de faire des esquisses réalistes des environs, je préfère la photo.
En revanche, je dessine des multitudes de détails comme d’autant éléments du langage propre au pays : les fenêtres, les yeux des gens, la vaisselle, les portes et les poignées et parfois des animaux et des plantes inconnues. C’est cette nouvelle grammaire visuelle qui m’intéresse.
Ma peinture abstraite n’est pas plus compréhensible que le monde qui m’entoure.
Le carnet de voyage ressemble plus à un « mood board » de styliste.
C’est une étape d’imprégnation plus qu’une période de réalisation.
Néanmoins, je pense qu’il en reste des traces dans les réalisations futures. Le voyage est pour moi indissociable de mon inspiration.
Les articles sur la Corée du Sud :
- les préparatifs :
Je pars en Corée du sud seule, préparatifs – FIXEUR - voyage solitaire au féminin :
Les Coréens et une voyageuse solitaire – FIXEUR - le quotidien :
Manger et boire en Corée du sud ? – FIXEUR - les perceptions :
L’apparence, la religion et le travail en Corée – FIXEUR