Canapé FRONT
Le soutien insolite d’une Tchèque en colère contre l’agression russe en Ukraine
Chronique de la guerre en Ukraine en 1500 Pages et 700 jours
Ma contribution virtuelle au combat des Ukrainiens
Le frémissement de l’appréhension a commencé à m’envahir à la fin de l’année 2021, lorsque j’ai capté des signaux annonciateurs d’un danger imminent. Ces prémices m’ont incité à scruter attentivement les discours de Poutine et à absorber de manière plus minutieuse les informations relatives à la Russie, un pays déjà inscrit au stylo noir dans ma mémoire. La résonnance avec ma jeunesse à Prague sous le régime communiste piloté de Moscou a été immédiate.
Les débuts de rédaction chaotiques
Mes premières incursions dans l’univers anxiogène d’une possible agression russe en Ukraine se matérialisaient par des notes, des fragments de phrases capturés dans de modestes carnets, dénués de toute logique éditoriale. Ces notes, au départ destinées à un usage privé, étaient essentiellement une tentative de canaliser ma pensée et de clarifier mes sentiments.
Cependant, l’aube de 2022 a fait naître en moi le besoin impérieux d’exprimer à visage découvert mes idées. Facebook, mon blog, ou peut-être Twitter ?
Le format étendu des publications sur Facebook s’est imposé naturellement, me poussant à surmonter la peur primitive de partager mes réflexions en français imparfait avec des inconnus. Le risque était minime à l’époque, mon auditoire inexistant. Initialement maladroits et empreints d’émoi, mes textes ont évolué au fil des mois vers les analyses plus détaillées et régulières. Mon écriture, d’abord chaotique, s’est muée en une rédaction plus documentaire et « journalistique ».
Je l’appelais ces publications « ma contribution canapé », un soutien dérisoire, qui m’avait aidé à canaliser ma fureur d’impuissance.
Comment enrichir mes sources?
L’insatisfaction face à la couverture médiatique française m’a vite orienté vers des sources de l’Europe de l’Est, de Grande-Bretagne et des pays baltes, plus perspicaces dans la compréhension de la gravité de la situation.
En tant que lectrice avide, plongeant dans des informations multilingues, ma démarche s’est révélée fructueuse, alimentée par un réseau de correspondants et de médias du monde entier. Les abonnements à la presse étrangère se sont ajoutés à ma quête de compréhension à la fois géopolitique et militaire.
Mon investissement en temps a crû de façon exponentielle, transformant mon esprit en éponge pour absorber la connaissance du matériel guerrier, des cartes détaillées des zones de combat et des protagonistes clés du conflit. J’ai appris également à mieux discerner la fiabilité des sources.
Qui sont mes lecteurs?
Je n’ai pas cherché à accumuler des milliers d’abonnés, préférant des conversations argumentées, élaguant les réactions superficielles et le ciblage des personnalités du monde journalistique, politique et médiatique.
La pérodicité
La première publication sur la guerre date du 16 février, mais mes préoccupations se sont manifestées dès 2021. Deux ans plus tard, en pleine étape intermédiaire du conflit, j’ai revisité mes premiers articles en m’arrêtant à 1500 pages de textes publiés sur Facebook. L’idée m’est venue de prendre un peu de recul sur de cette portion d’histoire vue à chaud.
Mes analyses ne me semblaient pas dénouées de sens même à postériori alors que je considère que je n’ai pas une prédisposition géopolitique particulière, seulement une expérience de vie sous le joug soviétique et du régime totalitaire. Mais, il me semble que cette mémoire est devenue précieuse pour décrypter l’action de Poutine et la volonté colonisatrice de la Russie.
De l’incrédulité à l’action
Les premiers mois d’affrontements ont été marqués par une attitude déplorable du trio l’Allemagne, la France et l’Italie, une déception qui a stimulé ma participation zélée sur Twitter, appelant le Président Macron sur son compte public à abandonner sa complaisance envers Poutine. Mes activités n’ont peut-être pas eu d’écho, mais elles ont servi de catharsis face à des prises de position qui semblaient naïves. Mon engagement m’a également poussé à voyager, en quête de points de vue différents, loin des frontières françaises et plus à l’est et au nord de l’Europe.
Entre espoir et la persévérance
Deux ans de suivi quotidien de la situation, partagé avec un cercle restreint de lecteurs, ont alimenté ma détermination de continuer. Leurs réactions, les appuis constants, ont été autant de bouées dans les instants difficiles. Mais, je suis consciente d’évoluer dans une bulle, entourée de personnes désirant de voir l’Ukraine triompher. La longueur de mes publications a fini par décourager des trolls et des critiques sans arguments. Mes abonnés ont été en revanche indulgents avec mon niveau de français, corrigeant parfois des expressions et des coquilles avec gentillesse.
Dans l’attente de la victoire
La guerre n’est pas terminée, l’issue est incertaine, mais je suis convaincue que ce conflit représente un moment charnière et à haut risque pour notre civilisation occidentale et le régime démocratique. Ma quête d’actualités persistera, même si nous ne restions qu’une poignée à y prêter attention. Que puis-je faire d’autre de mon canapé !
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