L’incivilité me dérange. Mais, ce qui me dérange encore plus, c’est le silence des adultes qui la subissent et ne réagissent pas.
Je me pose parfois la question sur notre rôle, en tant que citoyens adultes, majeurs et éduqués…
La semaine dernière dans le wagon du métro, 6 ados de 15 ans mettent leur musique à fond, visiblement fiers de gêner les autres passagers qui font la grimace. Personne ne bouge. Je me lève de mon siège, traverse un quart de la rame, me postant debout au-dessus du jeune garçon tenant l’appareil. Je lui demande fermement : « Peux-tu arrêter, s’il te plaît, ta musique » ? Un peu surpris, il fait un peu le guignol, ah bon ??? » Je lui dis simplement en le regardant dans les yeux : » Tu peux mettre ton casque, car je n’ai pas envie d’écouter en ce moment ta musique et cela me dérange. »
Il arrête la musique, je lui dis : « merci » et je retourne à ma place. Les 6 gamins ne pipent pas. Ils se calment même et sortent tranquillement quelques stations plus loin. Tous les hommes assis à proximité regardent leur chaussure.
Il a 10 minutes sur la ligne du métro un grand black baraqué entre avec du rap à fond, tenant son mobile à la main, et se met juste derrière ma tête. Je me tourne en lui demandant : « S’il te plaît, peux-tu arrêter ça ? »
Il arrête la musique, mais s’assoir aussitôt d’un air menaçant sur le siège en face de moi. Il ne veut pas perdre la face, normal. Et si j’étais juste une sale raciste ? Je lui souris amicalement en le regardant dans les yeux. Il reste finalement calme, visiblement désemparé et sort 3 stations plus loin.
Il ne s’agit pas ici de vrais méchants, juste des mufles mal élevés qui se la jouent gros durs, pariant que personne n’oserait réagir.
Si les parents et l’école ne donnent pas l’éducation aux gamins en leur montrant la limite et les règles à respecter, il ne faut pas que les citoyens démissionnent. La peur des gens crée ce phénomène de boule de neige…le môme essaie, personne ne réagit…et va de plus en plus loin.
J’ai vécu ce type d’expérience plusieurs fois. A deux reprises, j’ai supporté juste des insultes pendant quelques stations dans le RER , mais à bonne distance de sécurité. Les gars pensant que j’étais » une keuf »……Mais systématiquement, les gens autour de moi avaient les yeux rivés sur leurs chaussures.
Sans vouloir comparer les hommes et les animaux, cela étant, le dressage des chiens m’a appris en tout cas une chose : la posture, la voix et le regard sont des éléments qui font toute la différence. La force ou l’agressivité ne servent pas pour avoir de l’autorité. Si mon chien ressent la peur, c’est foutu.
Le mufle ‘teste’ dans un lieu publique sa capacité à dominer.
Car, la foule est « un grand pleutre », chacun attendant la réaction de l’autre où généralement personne ne bouge.
Je ne crois pas qu’il faille se mettre systématiquement en danger. Dans certaines situations (drogue, alcool, armes), il faut juste s’éloigner. Mais, ce n’est pas la majorité des cas rencontrés, qui représentent un réel danger. La majorité profite de l’immobilité de la foule.
Evidemment, il est aussi plus facile de se dire, je peux supporter ça quelques stations, ce n’est pas grave. Je n’ai pas envie d’être ridicule, de me faire insulter…Sauf, que nous ne rendons pas le service à ces garçons et ces filles…
D’ailleurs, lorqu’une personne réagit, sans l’agressivité et avec fermeté, c’est une telle surprise pour eux, qu’ils restent sans réaction, comme abasourdis.
Un jour, je vais peut-être me tromper et prendre un coup.
Mais d’ici là, il y a une petite leçon qui restera dans le cerveau du type de ce matin. Il y avait une femme, de l’âge sa mère ou de sa grande-mère, à qui il n’a pas su faire peur…C’était même un peu » la honte ». Va-t-il avoir envie de remettre demain la musique dans la même rame ?
C’est la question que je me pose ce soir…