J’ai trouvé utile de mettre à jour mes données sur la Chine.

Avec l’âge, ce n’est pas l’expérience qui fait défaut. C’est davantage la mise à jour des informations. Avec l’accélération du temps, regarder le monde avec les données d’il y a vingt ans signifie de rester coincé dans la préhistoire. Le recul qu’on peut ainsi gagner peut-être anéanti par un malheureux souci de la MAJ de données.

Le second écueil consiste à analyser le monde au travers des données qui sont en quelques sortes nos obsessions personnelles. Notre disque dur déborde des faits divers sur les chiens écrasés qui ne sont plus du tout au centre des événements. Nous pouvons tous facilement rater une évolution majeure qui se manifeste néanmoins très progressivement, par touches dispersées.


Il est possible de ne pas voir un éléphant jaune fluo dans notre cuisine

La Chine est souvent vue surtout par ma génération comme une usine mondiale, la cause de notre désindustrialisation et la principale source d’approvisionnement de nos magasins.

Nous lui imputons la perte de nos emplois et nous déplorons acheter ‘made in China’. Nous savons même avec un peu d’effort que ce pays est passé de la production massive low-cost à la technologie de pointe. Puis, depuis un an, nous subissons un virus né visiblement en Chine.

Mais, nous percevons souvent son emprise exclusivement au travers de l’économie.

Or, selon Confucius : « Il n’y a pas deux soleils dans le ciel ».

La Chine est pourtant un autre modèle civilisationnel. Son but clairement affiché est de prendre la première place mondiale en 2029 dans tous les domaines.

Y compris dans le modèle de pensée en imposant un autre système de valeurs. Sur le point, la Chine est de plus en plus vindicatif, destiné à se substituer aux valeurs universelles occidentales.

L’occident occulte encore souvent le risque que représente le modèle de pensée actuelle du régime de Pékin. Trop loin de nous ? Serions-nous immunisés ?

Pourtant, s’il y a un sujet que martèle Pékin sans relâche. celui de l’incompatibilité entre le système de valeurs chinoises et des valeurs dites universelles occidentales.

Sous Xi Jinping, l’élite chinoise universitaire a dû construire un nouveau récit historique pour le Parti. Il fallait définir la « voie chinoise » qui se différencie du libéralisme et du communisme soviétique. La Chine se déclare désormais détentrice des valeurs universelles chinoises qui ne doivent rien aux valeurs universelles à l’origine européennes, jugées impérialistes.

Tantôt sous la forme du fantasme de la ‘renaissance chinoise néo-confucéenne’ du nationalisme culturel des zélateurs de la clique Kang, tantôt sous la notion antique idéalisée de « tianxia » (‘tout sous ciel’) des théoriciens du tianxia-isme, tout converge vers un seul récit de « l’Empire-Monde ».

‘Tout sous le ciel’. Ou, comment maîtriser le récit de son histoire nationale pour un plus grand rayonnement mondial ?

La propagande officielle de Pékin a pour objectif de gagner la sympathie du plus grand nombre de sympathisants partout dans le monde.

Le bras armé de son influence est le réseau des Instituts Confucius, financés directement par l’État chinois (=PCC). Ils sont implantés à même des universités du monde entier. Marshall Sahlins parle « d’academic malware ». Ce maillage idéologique est particulièrement efficace en Afrique. Il présente un monde idyllique du coopérant chinois ‘aux antipodes des colons blancs’.

J’ai rencontré récemment un ingénieur agronome français œuvrant en Afrique. Il m’a déroulé un discours pro-chinois sorti du manuel de Xi Jinping avec un grand enthousiasme.

Ainsi, « parler chinois sans le savoir » devient un véritable risque pour de nombreux Occidentaux.

Nous sommes à l’heure où nos valeurs sont mises à mal par la montée du populisme. La défiance bat son plein et le virus est plus facile à dompter dans une société ultra-surveillée.

Quel sera le pourcentage de la population capable de piétiner les fondements de notre civilisation pour préférer le régime autoritaire stable ? Celui qui sait éradiquer le virus plus vite ? Quels sont les partis politiques que la Chine a l’intérêt soutenir dans nos pays ?

« Privilégiez l’autorité, votez pour un leader d’un parti populaire! Déplorez la décadence de l’Occident! Ces mots d’ordre se trouvent dans les discours de nombreux partis. Zemmour présidentiable, c’est désormais possible dans le pays des Lumières !

Associer toute défaillance de la démocratie qui peine à se réinventer à une « dictature élitiste » est une pensée toxique. Elle se propage plus vite que la musique. La population européenne scie la branche sur laquelle elle repose et elle sera aidée par la Chine (elle l’est déjà).

Car, les récits historiques de la Chine et de sa philosophie, dont on nous abreuve depuis le début du nouveau siècle, sont soigneusement sélectionnés, tronqués pour présenter une Chine soucieuse d’assurer un monde harmonieux.

La volonté d’expansion dans l’espace de la Chine corrobore avec la volonté de contrôler le récit de son histoire.

En particulier, en réécrivant l’utopie ancienne de Tianxia comme la volonté de faire régner l’égalité dans le monde ‘sans ennemis ‘. Cette réécriture de l’histoire et de l’identité nationale est en Chine une affaire d’État. Les philosophes-idéologues comme Zhao Tingyang ont même connu un succès mondial (avec une traduction française et anglaise) avec une construction intellectuelle de l’histoire au service du régime.

Or, la notion réelle de Tianxia (selon l’historien érudit Ge Zhaoguang) désignait un ordre impérial avec un rapport de force hautement hiérarchique. D’une part entre les civilisés ‘sinisés’ (les êtres supérieurs) et d’autre part avec les exclus, les barbares, les êtres inférieurs. La notion même d’un « être supérieur » devrait nous alerter. La sinisation forcée des minorités en est le résultat concret.

Ge a le courage de démontrer à quel point la relecture de l’histoire de Tianxia, cette civilisation-Etat, est faussée par la volonté d’un récit au service de la propagande de la Chine. Dans le but de générer notre admiration béate devant une ‘civilisation plurimillénaire’ chinoise pacifique et prospère.

Le blockbuster chinois de 2019 « La terre errante », un énorme succès par ailleurs, met au centre du récit « la collectivité » de Chinois se sacrifiant pour devenir le sauveur du monde et de l’humanité. La quintessence du collectivisme héroïque et…mondial.

Alors avant d’être sauvés malgré nous, apprenons à traduire du chinois avec attention.

1. Un premier rappel utile : une « parenthèse » historique dans des siècles de puissance.

En 1820, la Chine représentait selon les estimations 36% de l’économie du monde. Elle était la puissance manufacturière au cours des 1000 années précédentes.

Les humiliantes Guerres de l’opium et la funeste période sous Mao l’ont conduit ensuite à un déclin terrible et rapide. Le « Grand bond en avant » de Mao s’est soldé par 36 millions de personnes mortes de la faim. Des dizaines d’autres millions de Chinois ont disparu pendant la Révolution culturelle.

En 1950, la Chine était devenue le pays le plus pauvre du monde. Quand je pense qu’il y a encore aujourd’hui des disciples de Mao en France ! L’obscur Jacques Jurquet du Parti communiste marxiste-léniniste français, grand défenseur de maoïsme en France est enfin mort, mais ses disciples continuent à sévir.

Cette période dramatique (qu’on a effacé des manuels scolaires en Chine !) est aussi une source de l’immense résilience collective qui s’est forgée pendant cette période délirante.

J’ai constaté le même phénomène en Corée du Sud après la guerre en Corée. Une rage des survivants et un espoir d’un avenir plus supportable au prix d’une grande souffrance collective.

« Être riche est glorieux », c’est avec ce slogan qu’en 1979, Deng Xiaoping rompt avec l’économie planifiée soviétique.

Il entame des décennies de croissance au pas de course et corrige ce qui ne fonctionnait pas du tout dans le système économique soviétique. En revanche, il garde la répression et le Parti unique communiste indéboulonnable. C’est la période où Georges Bush déroulait le tapis rouge en croyant à la ‘démocratisation’ progressive de la Chine par plus de collaboration avec l’Occident (théorie de « l’endigagement »).

Clinton a aidé la Chine à rentrer à l’OMC.

Il en résulte surtout deux décennies de pilages des technologies et des connaissances de l’Occident et le dumping massif de notre marché de travail par un pays de 1,4 milliard de travailleurs pas chers.

La Chine rattrape et dépasse vite ses professeurs naïfs, Deng Xiaoping portant même le chapeau de cowboys lors des rencontres au sommet. Le chinois a le sens de l’humour, surtout, si c’est l’Occident est le dindon de la farce.

À la décharge de Bush, la Corée du Sud a été au même niveau de délabrement après la guerre de Corée dans les années 50 et ce pays n’a pas suivi le même cheminement que la Chine.

Avec l’aide financière colossale pour la reconstruction du pays, une présence de l’armée et un ‘dictateur-ami’, le pays a renoué à la fin des années 90 avec un semblant de démocratie à l’asiatique. Mais, aider un petit pays de 50 millions d’habitants comme la Corée du Sud pour se défendre contre le voisin communiste du Nord, ce n’est pas une recette de cuisine qui fonctionne à tous les coups.

On dirait que c’est même une exception qui confirme la règle.

La Chine est également le seul pays à ma connaissance qui a parfaitement compris en quoi consistaient la force et la faiblesse du régime communiste.

Dans un discours en 2013 , Xi Jinping, le dirigeant le plus autoritaire depuis Mao, a parfaitement résumé sa vision en analysant la chute de l’URRS : …ne jamais rejeter la pensée marxiste, se protéger contre les forces hostiles qui voudraient occidentaliser le pays et favoriser le gouvernement ‘par la rue’. »

Note explicative pour les analphabètes du marxisme :

La démocratie est donc pour Xi Jinping un gouvernement « par la rue » par opposition au gouvernement par le Parti unique et centralisé dont les leaders éclairés « guident » le peuple.

Dans la dialectique marxiste, le chat se mord sa queue.

Le Parti, au nom du Peuple, guide le Peuple qui ne peut pas cependant critiquer le Parti qui veut son bien, car il est issu lui-même du Peuple et représente le Peuple. PPPPPP….Cela donne une élite communiste indéboulonnable à vie au pouvoir illimité sans qu’il y ait moyen de la forcer à assumer ses responsabilités.

Les Princes rouges chinois sont tous de petits enfants des grands leaders du Parti des décennies précédentes. La Chine a le plus grand nombre de millionnaires sur la planète qui détient directement le pouvoir politique et siège dans les hautes instances du Parti communiste. Le Parti républicain américain est en comparaison le parti des clochards à la merci de donateurs versatiles.

Et comme l’a très bien exprimé Xi Jinping en 2015, il est hors de question que les Chinois deviennent « une troupe de pom-pom girls au service de l’idéologie capitaliste ».

Non, la Chine fera bien mieux…’sous le ciel de la planète terre’.

La Chine vous propose donc cet oxymore génial de « l’économie socialiste de marché… qui est de facto un hybride totalitaire basé sur une économie efficace et une répression forte pour éviter toute dissonance d’opinion.

C’est le mariage du matérialisme communiste docile, du sens de la hiérarchie confucéenne, de la consommation capitaliste et d’un puissant sentiment de fierté nationale.

En moins de 40 ans, la Chine est devenue la deuxième puissance économique du monde et une dictature numérique dont Staline ne pouvait que rêver.

Voyons comment ne pas devenir à notre tour une troupe de pom-pom girls chinoises au service de Xi Jinping.

2. Comment devient-on une grande puissance avec un vrai visage sans masque ?

Comme l’a parfaitement décrit déjà en 1986 Richard Rosencrance (The rise of the trading state) les grandes puissances modernes établissent leur puissance grâce au commerce, les excédents commerciaux, l’investissement direct, l’accumulation de capitaux étrangers, les transferts de technologie et très peu par l’expansionnisme territorial direct. Pendant longtemps sa réserve inépuisable d’une main-d’œuvre corvéable à volonté lui a permis de nous offrir les prix bas pour notre consommation.

Oui, nous sommes coupables par notre envie de ‘pas cher’ et ‘à volonté’ d’avoir sorti de la misère des milliards de personnes en quelques décennies.

Loin de moi de critiquer la mondialisation.

Elle n’est ni heureuse, ni malheureuse, elle est une évolution de notre histoire commune. Et si elle a permis de sortir d’une misère insupportable des millions de personnes en Asie, tant mieux. Pourtant maintenant, il faut savoir ajouter un frein sur le train.

Je ne suis pas certaine qu’on nous dira merci. On risque même de nous larguer sur les rails comme des passagers encombrants.

La Chine coche donc toutes les cases d’une grande puissance depuis environ dix ans :

  • La Chine est devenue le 1er accueil des investissements internationaux. Mille milliards des bons de trésor américain sont dans les mains de la Chine.
  • Depuis 2014, la Chine est la première puissance mondiale sous l’angle du PIB calculé en PPA (parité de pouvoir d’achat).
  • C’est évidemment le premier exportateur mondial. En 2018, le déficit américain avec la Chine était de 400 milliards sur un total de 600 milliards.
  • En 2017, plus de 60 pays ont déjà adopté le Yuan comme une nouvelle monnaie de réserve. Mais surtout la Chine expérimente déjà d’une première monnaie virtuelle d’État. Elle risque de sauter une étape.
  • -La Chine est en tête du nombre de demandes de brevets ou de petites bidouilles sur nos anciens brevets (en 2017, on a enregistré 1,38 million de dépôts de demandes de brevets chinois à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle).
  • -La Chine détient la production de la majorité des terres et métaux rares nécessaires aux nouvelles technologies, mais aussi à la recherche médicale, à l’industrie aérospatiale et militaire (sur 170.000 tonnes produites en 2018, la Chine en a produit 71%, 120.000 tonnes).
  • En 2018, le secteur privé représentait 60% de la valeur ajoutée et 90% de nouveaux emplois.
  • Le taux de pauvreté en Chine est passé de 97.5% en 1978 à 1.7% en 2018 ( mais 30 millions de Chinois sont encore sous le seuil de la pauvreté, surtout à la campagne). La classe moyenne dépasse en nombre celle des Etats-Unis.

3. L’évolution récente du régime sous Xi Jinping

Derrière l’économie de marché chinoise réside un régime politique radicalement différent des régimes occidentaux.

On commence à nous suggérer un peu partout qu’un régime autoritaire serait finalement tellement meilleur que la démocratie. Ce régime autoritaire serait le meilleur garant du bonheur populaire.

En Chine ce régime ‘idéal’ se nomme sans aucune ironie : ‘Une République populaire et un État socialiste de dictature démocratique populaire’.

La RPC est de facto bien une dictature communiste avec l’économie du marché, mais ce n’est pas une ‘démocrature’.
  • Il n’y a pas de société civile, les avocats défenseurs des droits de l’homme ont été massivement arrêtés.
  • Le système légal est totalement défaillant du fait de l’absence de séparation des pouvoirs et de la corruption.
  • La mainmise du Parti unique sur l’économique s’est renforcée ces dernières années sous Xi Jinping évoluant vers un capitalisme de l’État avec un renforcement des répressions vers les minorités ‘réfractaires à la réalisation du grand rêve chinois’.

Je vais choquer certaines personnes, mais je considère que le régime de la Chine est devenu réellement un système politique très proche du fascisme (ou plutôt du national-socialisme) qui contrôle des individus, des idées, élimine les espaces d’autonomie, instaure un culte de la personnalité du leader, développe la pensée nationaliste, procède à la sinisation des populations par millions et prospère grâce à l’expansion fulgurante à la fois financière et économique mondiale.

Mais, tout ceci emballé par les philosophes chinois comme un ‘nouveau système de valeurs universelles’, bon pour la planète.

Dans les faits :

  • Il n’y a pas d’élection au suffrage universel. Xi Jinping peut garder son mandant à vie. Sa pensée, comme celle de Mao est désormais inscrite dans la constitution du Parti.
  • Il n’y a aucune séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires.
  • Le Comité central du PCC avec 7 membres tout puissants décide et réprime durement toute dissidence d’opinion. L’ANP, l’Assemblée nationale populaire vote à l’unanimité et enregistre. Toutes les instances de l’État sont détenues par les membres du parti unique.
  • La doctrine officielle communiste reste la seule autorisée. Le PCC compte 90 millions de membres qui doivent depuis 2019 télécharger une application de contrôle obligatoire et prouver leur connaissance de la pensée du leader Xi Jinping par un questionnaire. Ce logiciel doté d’un backdoor permet en réalité de contrôler les mails, photos, messages, historiques de navigation.
  • Les fonctionnaires ont pour instruction de l’utiliser quotidiennement.

En 2013, Liu Qibao, chef du département de la publicité qui supervise également la propagande avait adressé aux Universités les 7 sujets interdits (qi bu jiang) dont le premier thème sur la liste sont « les valeurs universelles » telles que décrites à l’Occident.

En 2015, Xi Jinping déclare ouvertement que l’occident utilise « les valeurs universelles pour subvertir l’idéologie socialiste de la Chine. »Xi Jinping a défini Sept tabous à ne jamais discuter en public et encore moins dans les écoles. Ces « 7 périls » ou » le cheval de Troie de l’Occident » sont des thèmes de discussion proscrits.

Il s’agit des sujets suivants :

  • 1. Les valeurs universelles des droits de l’homme,
  • 2. le gouvernement constitutionnel et démocratique,
  • 3. la liberté de la presse,
  • 4. la société civile et les droits des citoyens,
  • 5. les erreurs historiques du PCC,
  • 6. l’élite financière et politique de la Chine actuelle,
  • 7. l’indépendance judiciaire.

En revanche, le Parti a défini 12 valeurs nationales.

Mais attention, selon XI Jinping : les termes qui y figurent comme la liberté, la démocratie et l’égalité ne sont pas des homonymes des termes occidentaux !

Le Parti a redéfini ces termes de manière à être compatible avec le maintien du contrôle politique (livre de Chen Lai, 2014).

Par conséquent, « le concept humanitaire chinois » peut désormais prétendre à l’application universelle, « car il représente le fondement essentiel de toutes les valeurs. »

La Chine affiche une vision autoritaire du monde (pour éviter « le chaos de la démocratie ») et contrairement aux discours ‘non interventionnistes’ affichés, la Chine influence déjà sur tous les continents de nombreuses décisions politiques.

Elle refuse que les valeurs universelles s’appliquent à la Chine et les redéfinit.
  1. La responsabilité doit passer avant la liberté.
  2. Le devoir avant les droits.
  3. Le groupe social avant l’individu.
  4. L’harmonie l’emporte sur le conflit.

Le noyau du système n’est pas la priorité du droit de l’individu à la liberté, mais le bien de la société et de la communauté ; l’individu n’est pas le point de départ, mais se seraient les relations entre les individus.c

Et l’ensemble sous le contrôle musclé du Parti unique.

Tout le système de pensée actuel représenté par les universitaires de différents courants (Chen lai, Kang, Zhao Tingyang, Xu Jilin) réinterprète la notion ancienne de Tianxia pour l’adapter au communisme.

Ce qui ne pose pas un souci insurmontable. La bataille est sur la nuance. Tianxia repose naturellement sur l’idée d’une autorité supérieure qui incarne l’autorité morale et guide les comportements dans un monde civilisé. En déterminant ce qui est ou n’est pas civilisé.

Sans surprise, cela colle parfaitement avec le rôle du PCC et son chef Xi Jinping qui développe un véritable culte de la personnalité.

Il a réussi une parfaite sinisation de la doctrine marxiste-léniniste avec un objectif international « prêt à déployer ».

On peut lire par exemple :

« …derrière l’Empire chinois traditionnel se cachait une conscience du Tianxia pour toute l’humanité ».

Pour dire des choses simplement, derrière cette vision universelle chinoise (j’ai aussi pensé à la notion d’Oumma et les objectifs politiques des Frères musulmans) nous pouvons détecter deux courants qui luttent. Un clan ultranationaliste avec une définition raciale des ‘barbares non sinisés’, très proche de la vision nazie. Les ouïghours en font les frais actuellement.

Et une vision universaliste, selon laquelle tianxia n’appartient pas à une « race ». Il y a ceux qui adoptent la doctrine et les barbares qui refusent la Lumière.

Mais, les deux interprétations ont une prétention universaliste :«… les valeurs qui sont bonnes pour la Chine…elles devraient de la même manière être bonnes pour toute l’humanité ».

Alors la Chine ne s’intéresserait-elle qu’au commerce ?

la puissance de la Chine

Bien sûr que non.

Ce qu’elle fait actuellement sur notre planète terre doit être aussi observé par géographie, par activités ou par la pénétration des organismes internationaux.

Cela fait deux décennies que notre regard est rivé sur « le grand risque de la religion musulmane».

Sommes-nous en train de rater un grand éléphant jaune planqué derrière un petit arbre vert ?

La suite dans le prochain post.

(À lire : Penser en Chine, essaies folio 2021)

Lire aussi mon article : Monde autoritaire