Sur les réseaux sociaux, il faut différencier le menteur et le baratineur. Il y a en réalité peu de menteurs, mais énormément de baratineurs.

C’est quoi la différence entre mentir et baratiner?

Personne ne peut mentir sans être persuadé de connaître la vérité.
Cette condition n’est en rien requise pour raconter des conneries.
Un menteur tient compte de la vérité et sait que ces déclarations sont fausses.


Un baratineur se moque de savoir s’il décrit correctement la réalité. Il se contente de choisir certains éléments ou en inventer d’autres en fonction de son objectif. Il a les yeux fixés sur les faites uniquement à condition qu’ils puissent rendre son discours de baratineur crédible.
Il peut inventer et fabriquer ses propres théories pittoresques sans avoir la moindre idée du sujet dont il parle.
Ce qui compte, c’est l’objectif de son baratin. Il vise qui ou quoi? Et sur les réseaux sociaux, il s’agit souvent aussi de s’afficher juste comme la personne à laquelle « on ne peut pas raconter les conneries’.
C’est certain, le baratineur se les invente lui-même.

Le succès du menteur et du baratineur dépend de notre crédulité.

Cependant, le menteur dissimule ses manœuvres et veut nous faire avaler des informations qu’il considère lui-même comme fausses. Il y a des menteurs « professionnels » sur les réseaux sociaux, et c’est leur travail quotidien d’induire en erreur des populations.
Mais, ce qui fait plus de dégât, ce sont les baratineurs lambda.


La catégorie que j’affectionne le plus est le « baratineur révolté ».

Je trouve normal que certaines personnes s’opposent à ce qui ne les arrange pas.
Mais, ce qui m’étonne le plus, ce sont les personnes qui s’opposent à ce qui n’existe pas.
Ils fabriquent une vision totalement idiote d’une situation, puis critiquent ‘les faits’ non avérés, en affichant avec verve leur révolte.
Ainsi, il est facile de se trouver en opposition pour à peu près tout sujet dont on ne connaît rien.
Un peu comme mon chien qui court après sa queue chaque soir pour se défouler.

Harry G. Frankfurt a écrit « De l’art de dire des conneries ».

C’est un petit livre très instructif sur l’essor contemporain du baratin. Il est utile à relire en période actuelle où les baratineurs se démultiplient comme du chiendent.

Il écrit : « le baratin devient inévitable chaque fois que les circonstances amènent un individu à aborder un sujet qu’il ignore ».
il y a une conviction très répandue dans les démocraties qu’il est de la responsabilité du citoyen d’avoir l’opinion sur tout.
…or, la production de conneries est stimulée quand les occasions de s’exprimer sur une question donnée l’emportent sur la connaissance de cette question. »